Nos
kiosques à journaux font partie du paysage traditionnel urbain et contribuent au charme parisien. Ils sont gérés par un concessionnaire de la ville de Paris qui peine à trouver
des kiosquiers : c’est un métier difficile, au chiffre d’affaires en baisse. Pourtant, les habitants sont très sensibles à ce service de proximité. Cela reste, de leur part, une demande
forte et insatisfaite. Notre maire a beaucoup œuvré, par exemple, pour la réouverture du kiosque à journaux de la place de Dublin, après la fermeture de la librairie du quartier de
l’Europe.
Les kiosques sont aujourd’hui confrontés à une baisse des ventes durable et structurelle. Pour continuer à exister, ils
doivent se trouver de nouvelles fonctions.
La mairie en a compris leur côté « couleur locale ». Depuis 2001, notre conseil d’arrondissement vote pour l’occupation du domaine
public, sur les Champs Elysées, d’un kiosque destiné à renseigner les touristes : « les Ambassadeurs de l’accueil ».
Le kiosque de la place de La Madeleine, vend depuis près de trente ans des billets de théâtre à prix réduit pour les
spectacles du jour. Là encore, il subit la concurrence d’internet. Le conseil d’arrondissement vient d’être consulté sur le renouvellement de cette concession, et sur l’élargissement des
activités pour permettre une meilleure rentabilité : en plus des places du jour, le kiosque va proposer des sorties théâtre sous forme de packs (théâtre-taxi,
théâtre-souper, théâtre-baby-sitting…), ainsi que la vente de produits touristiques (musées, expositions, concerts, croisières, accès aux parcs de loisirs, etc.).
Pourquoi ne pas poursuivre ces efforts de diversifications ? Tout en conservant la vente de journaux, il
est possible de proposer des produits de consommation courante, comme par exemple, des souvenirs, des cosmétiques, des cigarettes, etc.
Certains commerces non sédentaires ont été retenus lors du dernier appel d’offres parce qu’ils proposaient des ventes
de confiseries, crêpes, glaces ou cafés, dans des maisonnettes reprenant le concept des kiosques et qui valorisent le paysage urbain de tradition à Paris.
Enfin, pourquoi ne pas en faire des dépôts de pains dans les quartiers en mal de boulangerie, ou des
fleuristes qui ont disparu de la vente ambulante ?
Autant d’applications qui devraient permettre de préserver la spécificité du paysage parisien, mais aussi de recréer des petits
commerces de proximité dans les endroits où le privé n’a pas pu y apporter de réponse. Bien sûr, ces kiosques auraient pour but de pallier les besoins d’un quartier, sans faire de
concurrence déloyale aux commerces sédentaires, ni défier les règles d’occupation du domaine public en étalant les marchandises au-delà du périmètre autorisé.
Une politique de la ville en ce sens serait bienvenue.
Sophie Boyer Chammard, adjoint au maire chargée des acteurs économiques, du commerce et de
l’artisanat, www.acteurseconomiquesdu8.com
Article publié dans le journal du 8ème de juin 2012